Il
nous a été conseillé de faire le tour de l’île de TRINIDAD par l’Est afin
d’éviter piraterie et les multitudes de plates formes de pétrole en mer plus
au sud.
22 heures. A 10 milles du cap
Est : GALERIA POINT
des lumières nombreuses et
intenses nous intriguent.
Est ce des pêcheurs avec des longues
lignes dont les extrémités sont munis d’un feu clignotant. Faut il passer à
gauche ou à droite ?
En nous approchant les feux
deviennent aveuglants, très puissants. Trois nouvelles plates formes,
une quatrième en construction qui clignote en jaune pour faire un barrage.
Autour de tout cela grosse activité
de bateaux, remorqueurs, on travaille avec ardeur nuit et jour. Où
faut il passer ? La nuit noire, donne un air
sinistre et angoissant à la situation.
On se lance, on coupe, on passe,
la respiration un peu retenue.
Un remorqueur chargé de matériel
attend calmement que
nous ayons traversé la zone. Eblouis par les feux, soulagés d’avoir pu
passer, nous continuons à plus de 8 nœuds, notre chevauchée ; longeons la
côte nord de l’île jusqu’à la pointe GALERIA, avancée rocheuse et plate
qu’il faudra virer, à environ 3 milles de la côte.
L’activité est grande : cargo, ferry, remorqueur
se précipitent dans le virage, nous les suivons de loin, l’endroit est
marqué par un feu rouge clignotant doublé au bon moment par un petit feu
blanc.
GALERIA POINT 10°52,700N
60°52,700W
Le jour se lève. Tout la matinée à longer
la côte nord (sur plus de 55 milles). L’île de TRINIDAD est surprenante de
ce côté, toutes en collines et petits sommets peu accessibles,
couverts de
forêts, certains pics sont à 945 mètres dont les pentes viennent tomber
à pic dans l’eau.
La côte nord semble peu habitée, peu de routes de
ce côté ci. Des bateaux, à moteur, de plaisance sillonnent les bords à la
queue leu leu.

DIMANCHE
11 JUILLET 2004
SCOTLAND BAY

Notre route pour rejoindre CHAGUARAMAS
juste avant PORT OF SPAIN passe entre la côte et l’île MONO formant à cet
endroit comme un fjord.

Nous nous enfilons dans SCOTLAND BAY où
nous trouvons 9 voiliers mouillés là dans le calme et la verdure au
milieu du caquetage des perroquets.
Nous remontons la file et fort de notre
qualité de dériveur intégral, mouillons pratiquement au bord de la
crique.
C’est un véritable paradis de verdure, de
calme et de sécurité.
Nous avons décidé de rester ici
jusqu’à lundi, nous y reposer avant d'affronter la civilisation et les bureaux
administratifs.
MOUILLAGE
LAT. 10°42'292 N. LONG. 61° 39’ 735 W.


LUNDI 12 JUILLET 2004
CHAGUARAMAS
Il nous semblait bien que nous avions
reculé d’un fuseau horaire vers l’ouest. Nous avons pour le moment gardé
notre ancienne heure. Dormis exceptionnellement d’une seule traite 7
heures, quel bienfait, quelle remise en forme, pouvoir étendre ses jambes,
bien à plat, sans souci de mer, de voiles, de vent à vous occuper l’esprit.
Nous
quittons notre mouillage idyllique pour rejoindre la baie
de CHAGUARAMAS, qui se trouve juste avant PORT OF SPAIN, baie de tous les
voiliers étrangers.
C’est une suite de chantiers de marine de levage,
stockage, permettant d’exécuter tous travaux sur des unités des plus petites
jusqu’à 70 tonnes, en ce qui concerne le levage.
ESCALE TECHNIQUE à
CHAGUARAMAS : LAT 10°40,762N LONG 61°38,117W

Tous
équipées de TRAVEL LIFT ultra moderne. Les bateaux sont sortis, déposés, rangés sur des
parkings qui peuvent être enherbés comme les pelouses d’un parc, mais fermés
par des grillages.
Chaque chantier est une petite unité commerciale
où viennent se greffer les magasins de certaines marques : un shipchandler,
un petit libre service, la poste ou autre restaurant.
Si bien que l’on peut en allant de l’un à
l’autre trouver absolument tout son bonheur.
Mais,il nous faut quand même courir : pour
l’hydraulique de la dérive, le réparateur du pilote électrique, la peinture
anti-fouling, le moteur
hors bord.
Le tout se paye, bien même, calculé en DOLLAR U.S.. La monnaie locale
étant le T.T. ( titi =0.66 EUROS ) de TRINIDAD et TOBAGO.

Le reste de la rade est un ensemble de chantiers
pour la construction ou la réparation des plates formes de gas ou de
pétrole, pour les grosses unités véritables camions des mers qui sillonnent
sans cesse les eaux .
Pour nous deux solutions : la marina chère
ou le mouillage sur des bouées officielles(25TT= 4euros),par
jour. Nous choisissons
les bouées, la numéro 18 sera la notre. Annexe à l’eau et partons à la rame
faire nos formalités d’entrée.
L’immigration et la douane sont groupées au
même endroit ; de bureau en bureau passons de la chaleur humide à la
climatisation extrême. Le personnel est noir très noir, de grands gabarits,
très soignés, très anglais, ne parlant que cette langue.
Un peu intrigués les deux services par
notre « sortie » présentée, celle de BELEM faite il y a huit mois puisque
nous sommes partis de KOUROU sans déclaration. Les renseignements obtenus au
sujet de l’octroi de mer n’étaient pas très clairs. Deux ans peut être mais
avant le fin des six mois il fallait faire un « déménagement ».
Le préposé de l’immigration conclut d’un
air sans appel « donc sans clearance »
Parcours
épuisant

Les jours suivants se passent en
aller et
retour du bateau à la terre, revenant là où nous étions deux heures
auparavant, puis repartant de l’autre côté : V.H.F. irréparable, pour le
pilote électrique nous attendons, le vérin hydraulique de la dérive dans
deux jours.
Sortie du bateau, programmé pour lundi 19 juillet, par le
chantier PEAKE. Des heures
à mettre en pièces le moteur de notre hors bord pour le réparer, le reste à
démonter le vérin hydraulique.
Mettre l’annexe à l’eau, la remonter
pour la nuit, fermer les hublots avant de quitter le bord en prévision de la
pluie.
Revenir trempés, dégoulinants
parce qu’une pluie torrentielle nous a surpris : sauver le pain qui va
être détrempé parmi les provisions que nous rapportons à bord.
On exécute. On avance sous la commande de notre cerveau
qui nous oblige à continuer. Le corps est lourd, chaque pas coûte, les
vêtements collent sur le corps, la peau du crâne sous les cheveux
ruisselle de transpiration.
Chaque retour au bateau est apaisant. La
douche nous remet momentanément en état tandis que SAIL ROVER roule
en
permanence à cause des vedettes et petits bateaux de pêche qui sillonnent le mouillage à des allures folles.
L’ensemble des deux îles TRINIDAD et TOBAGO
n’a pas plus de 1.300.000 habitants, riche en pétrole et en gas. Malgré
cela le chômage existe. La radio nous répète tous les jours que la
criminalité et le kidnapping sont numéro deux dans le classement
mondial, après la Colombie.
Dans les rues de PORT OF SPAIN que nous sillonnons
à pied nous sommes intrigués par des bandes de tissus noir et
blanc sur un mètre de longueur, accrochées aux clôtures des maisons,
grillages des entreprises, portes, en signe de manifestation protestataire
contre le crime.
Après avoir marché de rue en rue, visité la cathédrale,
traversé des pelouses immenses d’un parc fait d’une herbe épaisse et drue,
nous poussons jusqu’au zoo. Terrible de voir ces bêtes couchées,
indifférentes, logées dans des
fosses boueuses, tristes comme celles d’un
cimetière.
Seule gaieté, les allées étaient parcourues par des centaines
d’enfants scolaires émerveillés. Nous avons terminé par l’aquarium plus que
modeste dont les bacs semblaient mal nettoyés et sans intérêt.
Retour par
FRENCH STREET, la dernière partie du parc sous une pluie très forte, à
moitié abrités sous de grands arbres à regarder des petits camions chargés
de noix de coco, rangés le long du trottoir, que le chauffeur vous décapite
à la machette pour vous permettre d’en boire le jus à même la coque.
Retour par mini bus de dix personnes que
l’on arrête le long des voies pour finir au restaurant de la marina PEAKE,
assis face à la baie, au premier étage ; déjeunant d’un poisson « flying
fish » et de « french potatoes ».

LUNDI 19 JUILLET 2004
Sortie du
bateau à terre par levage
9 heures. Nous sommes dans le
bassin de
marina PEAKE, l’équipe de service est impressionnante ainsi
que
l’équipement. Tous les chantiers, il y en a au moins 7, proposent tous les
mêmes services au même prix soit 5 US Dollars par pied pour le lift.
Nous
avons choisi le chantier PEAKE, pour sa verdure exceptionnelle, son extrême
compétence et surtout on trouve sur un place le shipchandler le plus
achalandé, un restaurant et.......Internet, of course.
Un
plongeur place sous la coque les sangles afin de ne gêner, ni les
dérives ni l’hélice.
Nous avons la mauvaise surprise
de nous apercevoir que la dérive arrière malgré le vérin hydraulique
révisé à grands frais et remise en place hier par nos soins ne tient
pas relevée, elle descend assez vite.
Est ce un problème de réglage des boîtes de limiteur de
pressions ? Nous verrons au sec par tâtonnements. La coque est plus sale à
tribord.
Un puissant carcher est mis en action habilement manié.
Ensuite se
met au travail une équipe avec de grandes raclettes aluminium qui en un rien
de temps vous enlève le plus gros.
Un drôle de camion porteur munis de coussins avec
des bras montés sur des vérins hydrauliques, nous emmène à notre aire de
travail. Entre d’autres bateaux, sous l’ombre d’un grand manguier, nous nous
mettons à l’oeuvre immédiatement : couteau de vitrier ou raclette en main.
Nous grattons, peaufinons, rasons de très près notre coque. Accroupis,
couchés, levés les bras en l’air, nous ponçons jusqu’à ce que tout soit
lisse sous les doigts. Nous terminons en final à l’électricité et des
disques en papier de verre.

Boire, boire sans arrêt boire.
Se traîner le soir jusqu’à la douche et se hisser dix fois
dans la journée par une échelle pour trouve à notre bord l’outil nécessaire.
Courir jusqu’au magasin du
shipchandler pour trouve la vis, l’écrou manquants.. Tomber sur des mesures
anglaises qui ne vont pas ; ou sur l’ami Adrien qui est parti dix jours
après nous de KOUROU. Ils viennent eux aussi de sortir leur voilier mais
chez POWER BOAT, le chantier voisin.


MARDI 20 JUILLET 2004
remise à
l'eau
La première couche d’anti fouling est passée, l’anode
bouffée est remplacée. Sail Rover a une belle allure dans sa nouvelle robe
rouge brun pour sa partie inférieure. Marie-Ange a fini à la nuit sous les
projecteurs mais à la fraîcheur, les bras, les cheveux, les vêtements
empeinturlurés.
Notre travail et les soins du bateau sont
terminés depuis ce matin, nous sommes bien à temps pour être remis à l’eau à
14 heures comme prévu.
Juste avant d’être pris en charge par le
camion porteur qui emmène SAIL ROVER jusqu’au travel lift, une camionnette
chargée d’oranges et de melons arrive au pied du bateau ; deux douzaines
font notre bonheur pour les premières. Je me suis laissé avoir par un faux
ami ; nos deux melons sont des pastèques.
Peu importe, arrivés sur notre
nouveau mouillage, la bouée 14, nous nous en régalerons d’une moitié bien
rouge, bien juteuse, avec de beaux pépins noirs très brillants.
Il fait
bien meilleur sur l’eau et nous
sommes mieux ventilés. La coque est rafraîchie en l’absence de la réflexion
de la chaleur venant du sol, couvert de petits graviers, qui la transformait en
four-micro onde.
Maintenant, il faut nous armer de patience. La nouvelle VHF, ainsi que le nouveau boîtier de notre fidèle
pilote "autohelm" rebaptisé "rayton", venant des USA, promis en 5 jours,
tarde à venir..............................